Notre conseil syndical se réunit à un moment où nous sommes confrontés à un paradoxe apparent, entre victoires syndicales et perspectives politiques inquiétantes.
Des perspectives politiques et sociales inquiétantes
En effet, pour nous salariés de la Fonction publique, les choix politiques de la majorité des Français ne peuvent que nous interpeller et risquent à très court terme de remettre en cause l’essence même de nos missions. L’encadrement fort du droit de grève pour l’instant limité aux transports, ne peut aboutir qu’à des remises en cause de son exercice même. Cela revient à nier le rôle, au côté de la démocratie politique, de la démocratie sociale. Nous ne pouvons le tolérer : le SNES, avec la FSU, s’opposera par tous les moyens (pétitions, manifestations, grèves...) à cette attaque contre un droit fondamental.
La remise en cause des solidarités aussi bien générationnelles qu’entre les différentes catégories sociales est bien à l’ordre du jour avec les annonces autour de la sécurité sociale ou des retraites, alors que dans le même temps le gouvernement met en œuvre des mesures (bouclier fiscal, droits de succession, etc....) qui ont pour unique objectif de privilégier encore un peu plus une certaine catégorie de citoyens.
Une victoire syndicale...
Au plan syndical dans notre secteur nous avons fait reculer le gouvernement - ne nous y trompons pas - issu de cette même majorité qui prétendait nous imposer une dégradation inacceptable de nos statuts. Depuis le 11 juin, les décrets dits « de Robien » sont abrogés dans leur totalité et la part que nous avons prise dans cette victoire, en tant qu’organisation majoritaire et fer de lance de la contestation, a été déterminante.
À présent, notre conception du syndicalisme nous donne une obligation : les collègues doivent bénéficier des retombées concrètes de cette victoire. Dès l’annonce de l’abrogation, la Section académique du SNES est intervenue auprès du recteur pour exiger l’implantation de moyens afin d’annuler les fermetures de postes liées à l’application des textes de février 2007 et les compléments de service redevenus « illégaux ».
Suite à un groupe de travail convoqué à notre demande le 18 juin, nous avons obtenu la suppression de la quasi-totalité des postes « de Robien » proposés au mouvement intra académique (plus d’une vingtaine) et la « réimplantation » de 5 postes à titre définitif. Un prochain groupe de travail doit avoir lieu pour examiner les moyens provisoires et rectifier les compléments de services imposés par « chantage à la fermeture de poste ».
Nous avons dans le même temps demandé aux collègues d’intervenir au niveau des Sections d’établissements pour exiger la restitution des heures dont ils ont été spoliés : première chaire, coordination, laboratoire...
...à faire fructifier
Pour autant, pas de triomphalisme ni d’euphorie : nous sommes conscients que les objectifs de ce gouvernement, dans les fins comme dans les moyens, sont identiques à ceux du précédent. La poursuite du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite va toucher de plein fouet le second degré. Or, ni le système éducatif, en panne de démocratisation depuis 10 ans, ni notre académie n’ont besoin d’un tel traitement. L’académie de Nice en particulier a au contraire un besoin urgent de créations de postes pour ne plus être dernière au niveau des lycées et 28e sur 30 pour les collèges.
Le slogan « travailler plus pour gagner plus » va être décliné dans la Fonction publique sous la forme d’un discours déjà trop entendu : moins nombreux, plus efficaces, les fonctionnaires pourront être mieux payés. Un ministre pousse même la provocation jusqu’à annoncer que la moitié des « économies » réalisées par la réduction des effectifs seront consacrées aux augmentations salariales ! Simpliste et dangereux, ce discours montre s’il était besoin à quel point on est loin de la prise en compte de la légitime aspiration de la profession, réaffirmée avec force ces 8 derniers mois : des métiers mieux reconnus et rémunérés, des statuts confortés et améliorés, une véritable prise en compte de la charge de travail...
Par ailleurs, les logiques de tri social et de personnalisation des parcours scolaires sont toujours à l’œuvre au travers de la loi Fillon sur l’école, de la mise en œuvre à marche forcée des PPRE et de l’appauvrissement de l’offre de formation, ainsi que des conceptions réductrices de l’orientation, centrées sur l’information sur les métiers écartant toute prise en compte des processus psychologiques complexes à l’œuvre dans les choix d’orientation -Perspectives aggravées par la suppression progressive de la carte scolaire et la mise en concurrence des établissements qui en résulterait. Le passage en force estival annoncé sur la réforme de l’Université ne peut que nous inciter à la plus grande vigilance.
De même, malgré l’annulation de nombreuses reconduites à la frontière grâce à la mobilisation des citoyens, le Président Sarkozy, inventeur du « ministère de l’identité nationale, de l’immigration et de l’intégration », continue comme lorsqu’il était ministre de l’Intérieur d’expulser les étrangers et particulièrement les enfants scolarisés : le SNES et la FSU poursuivront leur action en faveur des jeunes et de leurs familles au sein de RESF ; comme l’été dernier, nous participerons à une « cellule de veille ».
Mobilisés dès la rentrée
La mobilisation paie. Pour gagner de nouveaux droits pour la profession et pour imposer une véritable ambition pour le service public d’éducation, nous devrons dès la rentrée prochaine créer les conditions de nouvelles mobilisations et de nouvelles luttes, associant actifs et retraités. Une vigoureuse campagne de syndicalisation devra être conduite à tous les niveaux pour donner au SNES toute la force et toute la légitimité dont il aura besoin dans ses actions.
Dès la rentrée prochaine, nous aurons à conduire résolument une campagne d’opinion et à mobiliser la profession : dans tous les établissements, il conviendra lors des réunions syndicales que nous appelons à tenir le jour de la prérentrée en veillant à y intégrer les jeunes collègues, de s’assurer que nos statuts sont bien respectés et que chacun a été rétabli dans ses droits : dès la prérentrée par exemple, nous devrons être vigilants et combatifs : 1/ en vérifiant l’attribution de toutes les heures qui nous sont dues (heures de 1er chaire, cabinet, laboratoire, coordination, horaires réglementaires des CPE...) ; 2/ en recensant et en dénonçant tous les compléments de services dans d’autres communes (amiables ou contentieuses, les démarches des collègues seront appuyées par le SNES) et en refusant toute heure supplémentaire non imposable. Plus largement, qu’il s’agisse des orientations du budget 2008, des discussions sur l’évolution de l’ensemble de nos métiers, statuts et carrières, des contenus des enseignements, de la relance de la démocratisation du système éducatif, des projets désastreux en matière d’orientation qui conduisent à la disparition du métier de CO-Psy au profit de VRP des métiers, de la carte scolaire, de la scolarisation des élèves « sans papiers », de la résorption de la précarité (poursuite au 1er trimestre du plan d’action fédéral de recensement des collègues précaires en poste ou au chômage) etc., nous aurons à affronter des échéances décisives, et à construire de nouveaux rapports de forces pour avancer.
Soyons-y prêts.
POUR : 40 CONTRE : 2 ABS : 2 RV : 0