Le 19 mai 2016 marque le premier anniversaire de la lutte contre la réforme « collège 2016 » voulue par la ministre de l’Éducation.
Un an de lutte, un an d’interpellations de la ministre, de grèves, de manifestations. Cette bataille menée avec persévérance et ténacité a permis des reculs du ministère (maintien d’une partie des bilangues, maintien des moyens, défense des lettres classiques) et de gripper cette réforme : la préparation de la rentrée a pris du retard, plus personne ne vante la qualité des formations imposées aux personnels ni ne croit à la mise en place de l’AP et des EPI tels que prévus sur le papier.
Sur le terrain la hiérarchie adopte souvent une certaine souplesse dans la mise en œuvre de la réforme qui se ressent chez la plupart des principaux et chez certains inspecteurs.
Cette réforme n’est pas celle qu’il fallait. Elle n’est pas non plus celle qu’elle prétend être : elle n’aidera pas les élèves à mieux réussir, risquant même de mettre les plus fragiles encore plus en difficulté. Elle constitue aussi pour les personnels que nous sommes une inutile source de complication des métiers, un encadrement renforcé, toujours plus tatillon et prescriptif de notre activité. Elle met en danger ou dénature nombre de disciplines scolaires.
Il est nécessaire de poursuivre l’action et d’enfoncer le clou.
Résistance à la réunionite
Avant ou avec la réforme du collège des instances ont été crées (conseil pédagogique, conseil école-collège, conseil de cycle). Ces « conseils », présidés par le chef d’établissement, ont pour objectif d’imposer aux collègues des « bonnes pratiques » et des modèles. Ils remettent en cause la liberté pédagogique des collèges - définie par la loi- c’est à dire la capacité des collègues à construire et à mettre en œuvre des stratégies pédagogiques d’apprentissage, d’évaluation ou de certification.
Présentés par certains comme obligatoires et décisionnels, il n’en est rien : la participation des collègues à ce type de conseil relève du volontariat exclusivement et n’est pas une obligation de service, même si le collègue est désigné « volontaire » par le chef d’établissement.
Le SNES-FSU appelle les collègues à refuser ces hiérarchies intermédiaires.
Résistance aux nouveaux programmes
Pour la première fois, à l’occasion d’une réforme des programme, la ministre exige la mise en place des nouveaux programmes sur les 4 niveaux du collège. C’est irréalisable.
Le SNES-FSU appelle les collègues à mettre en place uniquement les nouveaux programmes de 6e.
Résistance aux EPI et à l’AP déconnectés des disciplines
Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (2 à 3h) sur le cycle 4 (5e, 4e, 3e) et l’Accompagnement Personnalisé (3h en 6e et 1 à 2h sur le cycle 4) sont présentés par la ministre comme les seuls leviers de la réussite des élèves.
Si l’interdisciplinarité et un meilleur suivi personnel des élèves peuvent être un des leviers de la réussite des élèves, c’est aux équipes pédagogiques de décider de leur mise en œuvre car ils font partie des horaires disciplinaires !
L’AP
La règlementation ne fixe aucun contenu particulier à l’AP. Il « s’adresse à tous les élèves selon leurs besoins ; il est destiné à soutenir leur capacité d’apprendre et de progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle ».
Faisant partie des programmes et des heures disciplinaires et relevant donc de la liberté pédagogique, les collègues ne sont pas tenus, à ce jour, ni lors de la rentrée 2016, de présenter des projets d’AP.
Le SNES-FSU appelle les collègues à poursuivre leur pratique quotidienne en AP.
Les EPI
La ministre a décidé de 8 thèmes (dont 6 seront choisis par les équipes) :
- Culture et création artistiques ;
- Transition écologique et développement durable ;
- Information, communication, citoyenneté ;
- Langues et cultures de l’Antiquité ;
- Langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ;
- Monde économique et professionnel ;
- Sciences, technologie et société.
Pour lesquels des croisements interdisciplinaires ont été connectés artificiellement aux programmes car déterminés après coup. Les choisis seront présentés au Conseil d’Administration (et non décidés par celui-ci).
Faisant partie des programmes et des heures disciplinaires et relevant donc de la liberté pédagogique, les collègues ne sont pas tenus, à ce jour, ni lors de la rentrée 2016, de présenter des projets d’EPI.
Le SNES-FSU appelle les collègues à ne pas proposer de sujets d’EPI et à ne pas les mettre en œuvre à la rentrée 2016.