Voici le texte approuvé à l’unanimité par les participants au Conseil Syndical Académique qui s’est réuni le jeudi 23 novembre dernier au lycée du Val d’Argens au Muy.
Le 13 octobre dernier, la communauté éducative s’est, de nouveau, retrouvée en deuil après l’attaque terroriste qui a coûté la vie à Dominique Bernard, professeur de lettres, quasiment trois ans, jour pour jour, après Samuel Paty. C’est avec effroi et sidération que le SNES-FSU a appris cette attaque au couteau perpétrée contre plusieurs personnels d’un établissement d’Arras. Chaque jour, dans l’école de la République, des adultes, des professeurs œuvrent pour leurs élèves, pour les faire grandir, pour les accompagner. L’école doit être protégée de toute attaque et de toute dérive obscurantiste.
Mais, pour que l’école soit toujours apte à mener sa mission, il faut des enseignants bien formés et bien rémunérés. Or, lors du CCFP le ministre Guérini est resté totalement sourd aux demandes de l’ensemble des OS qui lui ont rappelé que les mesures décidées en juin dernier étaient notoirement insuffisantes, non seulement pour rattraper des années de gel de la valeur du point d’indice et le décrochage des rémunérations des personnels ainsi créé, mais également pour ne serait-ce que préserver les conditions de vie des agents dans le contexte inflationniste subi depuis deux ans. Faute de réponse du ministre en faveur de mesures générales pour 2024, l’ensemble des OS ont quitté la séance.
Il ne s’agit pas d’oublier la perte de pouvoir d’achat des retraités et les difficultés croissantes d’accès à la santé, comme l’ont constaté les organisations du Groupe des 9, réunies le 13 novembre. Aussi est-il nécessaire d’amplifier les mobilisations. Le 24 octobre pour exiger « 10 % d’augmentation de nos pensions et retraites, maintenant ! » a été un succès, la pétition est toujours en cours. Les retraités dénoncent l’austérité budgétaire à l’œuvre dans le PLFSS (projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale), à l’opposé des besoins et de nos mandats pour un 100 % Sécu des soins prescrits.
A côté de cela, le gouvernement continue de brandir la solution miracle du pacte ! Mais le pacte n’est pas de la revalorisation, il organise une forme d’astreinte des professeurs sur le remplacement de courte durée, il alourdit la charge de travail et transforme en profondeur la nature de nos métiers en s’attaquant au statut. En outre, les injonctions de remplacement mettent en péril la formation continue des personnels. Le ministre tarde à reconnaître son échec et se montre prêt à tout pour faire signer du pacte et faire du chiffre. Quant à la promesse d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal « garantir que chaque élève, chaque jour de l’année, aura un professeur face à lui », non seulement elle n’a pas été tenue mais lorsque le RCD est mis en place via le Pacte, c’est bien souvent au mépris de ce qu’est le remplacement : un acte pédagogique qui ne s’improvise pas. Nos exigences sont claires : abandon du Pacte et utilisation du milliard d’euros pour des mesures sans contrepartie.
Dans un contexte de crise de recrutement sans précédent et alors que ce sont 329000 emplois qu’il faudrait renouveler d’ici 2030 en raison de départs en retraite, ce sont plus de 2500 nouvelles suppressions de postes qui sont prévues au budget 2024 ! Le SNES-FSU soutiendra et accompagnera les établissements lors de l’examen de la DGH.
Après avoir ouvert l’accès à la classe exceptionnelle en supprimant le contingentement et les viviers, le ministère, contrairement aux promesses de juin, instaure un accès à la classe exceptionnelle, opaque et arbitraire car sans barème ! Les critères pris en compte par les chefs d’établissement et les IPR pour établir les avis ne seraient, ni définis, ni cadrés et ne seraient pas susceptibles de recours. Les collègues qui ne sont pas dans les petits papiers de leur chef d’établissement et de leur IPR n’auraient donc plus aucune perspective de promotion. Le SNES-FSU a interpellé le ministre et continuera à se battre, comme il l’a fait mardi 21 en CSA MEN reconvoqué, pour un tout autre projet. Pour le SNES-FSU, la priorité demeure que le maximum de collègues puisse accéder à l’indice le plus élevé de leur corps.
Dès maintenant, il nous faut réactiver notre campagne de dénonciation de l’arnaque du Pacte et l’articuler avec nos revendications concernant la classe exceptionnelle et rappeler nos revendications pour les salaires et pensions. Le SNES-FSU Nice se mandate pour que soit annoncée très vite une journée de grève Education début janvier.
Afin de lutter contre la perte d’attractivité de notre métier, le gouvernement entend ouvrir un grand chantier de réforme de la formation initiale. Emmanuel Macron avait d’ailleurs évoqué le retour à un système basé sur celui des Ecoles normales, qui formaient les instituteurs avant d’être remplacées par les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres) en 1989. D’autres propositions voient le jour : déplacement du concours en fin de licence, amélioration de la lisibilité des parcours de formation, ou encore financement dès l’après-bac. Ce modèle s’appuierait sur une licence préparatoire dédiée aux métiers de l’enseignement, qui déboucherait sur le master MEEF. Le parcours de licence serait basé sur le modèle de celui des AED en préprofessionnalisation où les étudiants sont rémunérés dès l’année de L2, puis disposent d’un vrai salaire à partir du M1. Le SNES-FSU reste prudent avant de se prononcer à ce sujet, craignant ne pas avoir la même définition du pré recrutement. Néanmoins, il serait inconcevable que nous ne soyons pas associés à la réflexion et nous entendons rappeler notre légitimité à être entendus sur ce sujet.
Il faut toujours se méfier lorsqu’un ministre de l’Éducation nationale parle de « retour aux fondamentaux ». Derrière cette facilité de langage, destinée à faire vibrer la fibre nostalgique de nos concitoyens, se dissimulent l’abandon de toute ambition pédagogique, la casse à bas bruit d’un service public dénigré ou encore la volonté d’instrumentaliser l’école à des fins médiatiques. De fait, Gabriel Attal, lui, coche ces trois cases. La légende des classes hétérogènes défavorables aux bons élèves est de retour ! Dans ce « collège modulaire », imaginé par un autre syndicat pourtant minoritaire, le ministère a la tentation de généraliser les groupes de niveau malgré le démenti des études scientifiques. Les objectifs d’apprentissage ne sont pas les mêmes pour toutes et tous. Les élèves des groupes de soutien sont destinés à s’orienter vers le lycée professionnel ou vers l’apprentissage. Et même si quelques-uns progressent suffisamment, ils ne pourront obtenir aucun accès au lycée général et technologique sans refaire une Troisième dans une classe d’approfondissement pour rattraper le niveau ! C’est le modèle d’un collège élitiste renforçant la reproduction sociale, donnant des moyens aux meilleurs élèves, souvent socialement plus favorisés, pour approfondir leurs apprentissages, tout en reléguant les autres. Le SNES-FSU portera son projet d’un collège qui permettra la réussite pour tous et toutes avec des conditions d’étude et de travail améliorées par une diminution très significative des effectifs de classe, la prise en compte des réalités de l’École inclusive, des temps réguliers de travail en petits groupes dans le cadre de programmes cohérents et respectant une véritable mixité sociale. Lors du stage UPE2A, les S1 présents ont demandé que le S3 se mandate pour mener des actions dénonçant les effectifs pléthoriques auxquels il faut ajouter les inclusions (ULIS, UPE2A) ce qui engendre de grandes difficultés à mettre en œuvre la « différenciation pédagogique » et par ricochet un sentiment de travail empêché et de la souffrance au travail.
Le questionnaire harcèlement, plus que d’envisager des solutions réelles au problème tragique ne fait que répondre à la pression médiatique et aux ambitions politiques du ministre.
Au Lycée, alors que le calendrier du Bac est toujours intenable, les programmes de spécialités infaisables, le ministère annonce une réorganisation de la fin de l’année avec un stage obligatoire en classe de 2de. Le ministère veut imposer des séquences d’observation en milieu professionnel pour tous les élèves de Seconde générale et technologique, dès juin 2024. Ce sera surtout l’occasion de généraliser le Service national universel, à coup de dérogations ! Le SNES-FSU condamne le projet de stages obligatoires et dénonce l’entourloupe sur le SNU.
Enfin, le 25 novembre est la journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Des lois existent qui obligent les employeurs publics et privés à protéger les victimes mais le gouvernement et la Fonction publique, comme le ministère de l’Éducation nationale ne sont pas à la hauteur. Alors que toutes et tous s’accordent pour exiger 3 milliards dédiés, la France ne dépense que 184 millions d’euros – ce qui constitue son plus petit budget. Aucun dispositif n’est actuellement à l’œuvre ni généralisé pour enseigner une véritable culture de l’égalité à l’École. Il a fallu aussi une détermination sans faille des militants et militantes de la FSU pour obtenir une cellule d’écoute dans les académies pour les victimes ou témoins de violences sexistes et intrafamiliales. Mais faute de moyens et de volonté, ce dispositif, rendu obligatoire depuis 2018, reste embryonnaire et les employeurs publics freinent pour réellement sanctionner les auteurs et accompagner les victimes. Dans ce contexte où des personnels sont à protéger, où les élèves doivent bénéficier de formations, où de nouveaux droits sont à conquérir le SNES-FSU sera partie prenante des manifestations et s’associe à l’appel collectif et unitaire signé par plus de 60 organisations féministes, syndicales et politiques pour réussir la mobilisation du 25 novembre. Dans l’académie, deux manifestations : Nice, 14h30 place de la Libération et Toulon 10h30 Carré du Port.
Concernant le conflit au Proche-Orient, le SNES et la FSU exigent un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages, l’arrêt de la colonisation et la reprise du processus de paix sous l’égide de l’ONU, devant déboucher sur la reconnaissance de deux États vivant en paix dans des frontières viables et internationalement reconnues. La section académique du SNES-FSU appellera à manifester sur ces revendications. Toutes les manifestations pour la paix en Palestine ont été systématiquement interdites à Nice. Nous rappelons que c’est une atteinte grave à notre droit à manifester. Le SNES-FSU combat avec détermination l’antisémitisme et tous les racismes, mais jamais il n’acceptera de le faire dans la confusion aux côtés de l’extrême droite.