15 mars 2023

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Classes préparatoires menacées, les enseignants de CPGE se mobilisent et ça paie… pour le moment

Classes préparatoires menacées, les enseignants de CPGE se mobilisent et ça (…)

Depuis quelques mois, le ministère a décidé de réformer la filière économique et commerciale ECG sous prétexte d’une perte d’attractivité, alors même qu’elle venait juste d’être réformée et que la première génération d’élèves s’apprête seulement à passer les concours. Ce projet répond à une logique purement comptable : le ministère brandit la menace de fermeture des classes de moins de 39 élèves, une CPGE n’étant pas « rentable » si elle n’est pas remplie à 80 % au moins, soit 39 élèves. Le projet retenu ne rendra pas la prépa ECG plus attractive, mais il est de nature à déstabiliser la filière, ses enseignements et les services des collègues en introduisant un tronc commun et des enseignements optionnels (toute ressemblance avec la réforme du lycée n’est pas fortuite). Devant la mauvaise foi de l’IGESR et la difficulté à faire entendre leurs arguments, les enseignants de la filière, représentés par l’APHEC, ont décidé de se mobiliser et ont appelé à la grève avant le prochain comité de pilotage.
Plus d’informations sur les mensonges du ministère sur le site national

Au lycée Masséna nous nous sommes réunis le vendredi 3 mars (33 enseignants issus de toutes les filières - MPSI, PCSI, BCPST, ECG, littéraires). Nous avons décidé à l’unanimité une matinée « prépas mortes » le mercredi 15 mars, veille du prochain comité de pilotage. Les collègues du lycée international de Valbonne prenaient la même décision le lendemain. Nous sommes tous convaincus que ces tentatives de déstabilisation des ECG s’inscrivent dans un contexte plus général qui n’épargnera pas les autres filières, un audit portant sur l’état des lieux des CPGE ayant lieu en ce moment. Nous tenons tous à nous associer à cette mobilisation pour défendre le modèle des classes préparatoires.

Le mercredi 8 mars, le ministère annonçait la suspension de ce projet de réforme dans des termes infamants pour les représentants de l’APHEC qui siègent au comité de pilotage :
« Dans ces conditions, la DGESIP, en lien avec la DGESCO et l’IGESR, interrompt les travaux du comité de pilotage afin de restaurer le cadre d’un dialogue serein et efficace et rassurer des professeurs qui auraient pu être faussement inquiétés par des communications ne traduisant pas le contenu véritable des discussions. »
L’annonce se termine par des menaces de fermeture de classes :
« A court et moyen terme, et en attendant que redeviennent possibles et pertinentes des discussions apaisées, nous évaluerons et tirerons les conséquences des situations des classes préparatoires au cas par cas, au regard de leurs effectifs et des besoins de l’enseignement scolaire (sur le budget duquel elles sont financées) conformément au principe d’équité qui doit prévaloir dans l’ensemble du système éducatif. »
On peut redouter que les instances représentatives des professeurs ne soient plus invitées dans les discussions à venir, tout comme les syndicats qui ont dû batailler, non pas même pour être consultés, mais simplement pour être reçus.
Dans ces conditions, l’appel à la grève a été levé, mais les enseignants ne sont pas dupes. Ils restent vigilants et inquiets, notamment pour les prépas de proximité.

A l’heure où les formations post-bac privées fleurissent en surfant sur l’anxiété des lycéens et en leur offrant un rêve hors de prix (plus de 10 000 euros par an) et parfois aussi du vent, les classes préparatoires apparaissent comme une formation exigeante, gratuite, fondée sur le travail et le mérite. Il est primordial qu’elles puissent continuer à jouer leur rôle de promotion sociale et à garantir l’égalité des chances, grâce notamment à un maillage territorial indispensable pour accompagner la démocratisation des classes prépas.

En espérant que cette petite victoire sera suivie d’autres grandes victoires !
Sarah Barnaud-Meyer, Ty Le Tat, Florence Muller