La discrimination envers les personnes âgées.

La discrimination envers les personnes âgées concerne toute les strates de la société, elle mérite d’être combattue tout autant que l’homophobie ou le sexisme d’autant que compte tenu de la dissymétrie de la pyramide des âges ce sont des femmes qui en sont les plus nombreuses victimes.
Le 13 février 2009 à l’initiative de la SFR-FSU PACA, le sociologue Jérôme Pélissier a donné une conférence sur ce thème, en voici un compte-rendu. C’est un premier apport au débat, que les SFR-FSU souhaitent voir s’ouvrir et se développer dans notre presse et nos congrès.

L’âgisme.

Dans son livre « la Guerre des âges » , Jérôme Pélissier dénonce l’âgisme. Ce mot est construit sur le même modèle que racisme ou sexisme, pour désigner un système de relations sociales fondé sur la discrimination et l’abaissement de groupes de personnes en raison de leur appartenance à une classe d’âge et à qui on attribue des caractéristiques communes pour en nier les disparités sociales internes (Cf. les Blondes). Ce peuvent être les jeunes, les enfants, les adolescents, les adultes, les plus de soixante ans, les personnes du quatrième âge. pour mieux stigmatiser tous les vieux, on y amalgame riches et pauvres.
Il ne faut pas confondre ce terme avec le « jeunisme » , qui désigne la volonté de tous les groupes d’âge de conserver les caractéristiques présumées homogènes de la jeunesse : beauté, agilité, réflexes rapides, adaptabilité au changement. Certains jeunes ne les ont pas et sont même handicapés.

L’exacerbation du jeunisme, l’âgisme peuvent déclencher chez certaines personnes vieillissantes une véritable haine de soi et les pousser au suicide.

« La peste blanche »

En Europe, en 2040, on comptera 9% de plus de 80 ans. On peut déjà lire dans la presse des expressions comme “invasion des vieux “, “ peste blanche”, “ hiver démographique “, “ Europe vieillarde “ ! Ces propos insultants transforment les personnes âgées en boucs émissaires. Parler du problème des retraités, évite de parler des questions de financement. Or, les retraites ne concernent pas seulement les retraités.

Les dépenses de santé signe de civilisation.

Quant aux « dépenses de santé », elles sont un signe de civilisation et non un signe de richesse. La France de 1945 n’était pas riche mais elle a fait un choix social et idéologique. Ceux qui veulent détruire les choix du Conseil National de la Résistance en font un en sens inverse. Entre 1950 et 2000, seulement 3% de l’augmentation des dépenses de santé sont dues à la seule vieillesse !

Peut-on parler de “ non-adaptation” ?

Les personnes âgées sont largement aussi “ adaptables “ que les jeunes. C’est leur situation - isolement, perte d’êtres chers, handicaps- qui les rend vulnérables. Selon J. Pélissier, les élus âgés sont même malmenés en politique alors que c’est la durée des mandats plus que l’âge des élus qui pose problème.

le rôle social des retraité-e-s. On oublie aussi que le tissu social est souvent nourri par les associations, et elles fonctionnent avec nombre de bénévoles retraités. Trop souvent, on associe retraités et privilégiés, or, la retraite moyenne est de 1300€ et 45% des femmes retraitées vivent avec moins de 800€ par mois ! Les gens âgés sont souvent oubliés des statistiques et des médias. Il n’y ainsi a aucune donnée sur la sexualité des plus de 70 ans, ni sur les violences faites aux 60-70 ans.

Les vrais vieux n’existent pas dans les médias.

Dans un pays où l’on commémore tout par des anniversaires et des monuments, où l’on pourchasse les responsables du sang contaminé, comment se fait-il qu’on ne parle plus des 15 000 morts de la canicule de 2003, ni du ministre de la Santé Mattei ? Sa responsabilité et celle des autres ministres n’a donné lieu à aucune poursuite pénale. Il a été recasé depuis â la présidence de la Croix-Rouge.

La justification des mises à l’écart.

Les jeunes ne réagissent pas parce qu’ils sont persuadés que les plus âgés détiennent le pouvoir. Un politologue suisse a même suggéré de pondérer le droit de vote en le diminuant avec l’âge ! On n’hésite plus à évoquer de manière feutrée l’euthanasie comme on le faisait en Allemagne au début des années trente pour les malades mentaux et les « parasites ».
Ce qui choque surtout, c’est le manque de réaction des médecins à ce genre de propos et l’accoutumance de l’opinion publique à ces affirmations.

Maguy Fache et J.P. Andrau

Conseils de lecture :

“ La Vieillesse “ de S. de Beauvoir, les deux livres de J. Pélissier “ La Nuit, tous les vieux sont gris” et “ La Guerre des âges” chez Armand Colin
Revue FSU N°48, Mars 2009